Une obsession presque frénétique. Comment décrire autrement l’irruption radicale et absolue de la figure de Balzac dans l’univers créatif de Martine Martine ? Cette artiste pluridisciplinaire, cachée derrière un pseudonyme schizophrénique et à l’œuvre foisonnante a délaissé depuis 2006 certaines de ses représentations favorites – les sumos, les chevaux, les danseurs, les torsions du corps – pour se concentrer exclusivement sur l’écrivain. Ce sont ces travaux que présentent l’exposition « Balzac, jour et nuit » au musée des Beaux-Arts de Tours en partenariat avec le musée Balzac à Saché. Le premier rassemble des lavis et huiles sur toile aux coloris expressifs, presque brutaux, aux coups de brosse épais et visibles. Les visages sont grimaçants, boursouflés, faisant songer à une caricature agressive, sans jamais être grossière. Au musée Balzac à Saché, sont présentées sculptures et estampes – pointe-sèche, linogravure. Une fois encore, les visages sont déformés, les bustes disgracieux, l’impression des doigts de l’artiste bien visibles sur la matière. Quelques soient les mediums utilisés, elle confère à l’auteur des allures d’ogre, tout droit sorti d’un conte fantastique et affranchi de tout réalisme anatomique. Avec toutes ces œuvres, elle délaisse finalement l’homme pour se concentrer sur la figure littéraire, monumentale. D’où cet aspect Pantagruélique ? Selon les dires de l’artiste, Balzac l’aurait « vampirisée ». Les réalisations ici exposées – celles de Martine la sculpteure ou celles de Martine la peintre – peuvent témoigner de cette emprise, moteur de sa création.

Cette artiste est aussi visible au musée Balzac, installé dans le château de Saché.

Géraldine Robin

Site de l'exposition