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Chicano Dream

Chicano Dream : John Valadez. Convertible Operas/Cinema Deudeuche. juin 2014, 8x4,50 m. Photo maison du bonheur. © Mairie de Bordeaux.   


L'exposition


À l’occasion du 50e anniversaire du jumelage Bordeaux/Los Angeles, le Musée d’Aquitaine accueille 70 œuvres de la collection privée de Cheech Marin (1980-2010), réalisateur, acteur et scénariste installé à Los Angeles. Cette collection exceptionnelle complétée par des prêts d’artistes et collectionneurs privés offre une rétrospective sur quarante années de création plastique autour du « devenir chicano ». Moins connue que le mouvement des droits civiques des Afro-américains des années 1950, l’histoire militante du mouvement Chicano des années 1960 est présentée ici à travers les œuvres des plus grands artistes mexicano-américains tels que John Valadez, Frank Romero, Wayne Alaniz Healy et Melanie Cervantes. Le visiteur est invité à découvrir une esthétique encore méconnue, puisant dans la vie quotidienne et mêlant les genres, née « en réaction à la culture dominante et aux distinctions implicites entre “beaux arts“ et “art populaire“ » selon le spécialiste du monde Chicano Tomás Ybarra-Frausto.

Artiste phare de cette exposition, John Valadez a été accueilli fin mai 2014 en résidence à Bordeaux pour réaliser une œuvre murale de 8 x 4,50 mètres ornant la façade du musée. Cette fresque monumentale intitulée Convertible Operas/Cinema Deudeuche incarne les contradictions et les tensions du Chicano Dream. À la fois rêve d’émancipation de la minorité mexicaine aux États-Unis et pastiche de l’American Dream, tel pourrait être défini le Chicano Dream. Dans l’œuvre, une 2CV, placée au centre, symbole de la France et par extension du Musée d’Aquitaine, sert de pont entre une Cadillac américaine et une Lowrider, voiture essentielle de la culture chicana. À moins qu’elle ne figure, au sein de cette fresque, la frontière séparant les lanceurs de cocktail Molotov de la Cadillac et les trois personnages de la Lowrider. Visée par les incendiaires américains, une femme en robe blanche sur la Lowrider semble hésiter entre la fuite et le refuge : les souffrances du peuple chicano sont évoquées à travers cette figure allégorique, mais également dans les nuages où apparaissent des silhouettes de femmes et enfants fuyant la terreur et le désastre. La composition dynamique des diagonales dessinées par les voitures se rejoignant en un point invisible au centre du mural, au-dessus de l’horizon d’une mer turquoise, marque peut-être l’espoir d’une réconciliation. À l’exemple de cette œuvre, les tensions visuelles qui parcourent l’ensemble de l’exposition se font l’écho de celles vécues par cette communauté mexicaine au sein de la société américaine.

Thibault Mirabel

Quand


27/06/2014 - 26/10/2014


Les artistes