Collectif
Flammarion


Face à l’inéluctable de la mort, le pouvoir – si mince et si nécessaire - des artistes cosigne la métamorphose de toute chose et signale le dépérissement de l’être. Cette quête contradictoire – rendre compte de l’imprésentable – et le message « moral » qui en découle connaît dans l’art actuel certaines transformations de fond que ce très bel ouvrage met en lumière. Le passage d’un genre du XVIIe siècle, issu des arguments de la Réforme et de la Contre-réforme, et structurellement basé sur une iconographie symbolique – le crâne, la bougie à moitié consumée, etc. - à un « motif » ironique présent dans des modes d’expression hétérogènes est enregistré par les quatre essais du livre. Christine Buci-Glucksmann analyse ce qu’elle nomme les « vanités secondes », interprétant les ready-mades comme telles, développant en ce sens la pensée de l’artiste Gerhard Richter, pour lequel tout tableau est, comme objet, devenu un artefact, une sorte de réplique de peinture. Pour Catherine Grenier, nombreuses sont les vanités teintées d’humour, dans la droite ligne du Jardin des délices de Jérôme Bosch. Outre deux autres essais pénétrants, de Marie-Claude Lambotte et Doris van Drathen, cet ouvrage illustré d’environ 200 œuvres est ponctué de brèves incises, extraits de Cogito Mori, renvoyant à nombre d’artistes incontournables de l’art contemporain. A méditer autant qu’à voir et à lire.

Tom Laurent



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