Au seuil du XXe siècle, la sculpture est rodinienne : le maître lui a donné sa dynamique formelle et sa liberté subjective. Pourtant, les nouvelles générations, en France comme ailleurs, cherchent à s’émanciper de cette emprise. Rejetant l’exacerbation de l’expression et l’invention sentimentale, ils prônent tous, mais chacun à leur manière, le retour à la forme. Cette exposition d’envergure européenne montre le résultat et l’évolution de ces recherches qui se font jour aussi bien dans les œuvres de Maillol, Bernard que dans celles de Duchamp-Villon, Archipenko, Brancusi. Le parcours, à la fois historique et esthétique, a l’avantage de reconnaître l’importance d’artistes trop peu connus à l’instar de l’allemand Lehmbruck, dont les œuvres sont symptomatiques du refus de l’héritage de Rodin. Rigoureusement, mathématiquement, les formes sont simplifiées pour ne retenir que l’essentiel, seul garant de l’équilibre, de la stabilité et de la tranquillité d’une beauté pérenne. Mais la guerre approche, les figures élancées commencent à vaciller, et la beauté se trouble d’une sensibilité propre au maître. Oublier Rodin : défi créatif mais impossibilité historique?? Qu’on s’y oppose ou qu’on s’y retrouve, Rodin demeure une référence incontournable en sculpture.

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