L’« imago » désigne en latin le stade final de l’évolution d’une personne s’étant déroulée en plusieurs phases. Pour les Romains, il désignait le masque mortuaire réalisé sur le visage du défunt. Un mot à double sens donc, qui correspond aux travaux de Jean-Marc Cerino et Nicolas Daubanes : leurs œuvres se basent sur la mémoire des événements, enfouie puis rétablie au long de l’histoire. Leur matériel iconographique se base sur des images de guerre, de prison ou d’objets insolites, retravaillés le plus souvent à partir de photographies d’anonymes. Ayant en commun un traitement en noir et blanc, rappel d’images d’archives, ces deux artistes se différencient par les thèmes abordés et techniques dont il ont l’usage. Jean-Marc Cerino travaille la cire et le verre pour réaliser ses peintures : des œuvres qui interpellent par le jeu qu’elles introduisent entre vocation poétique et approche documentaire. Si l’histoire est son matériau, la fixation d’une dimension collective s’inscrit dans des images singulières : Cerino révèle et dédouble l’événement. Nicolas Daubanes, pour sa part, a pris le parti depuis quelques années de travailler sur l’enfermement. Il se concentre en particulier sur les prisons, leurs plans, leurs murs et depuis peu leurs résidents, ces « absents » grâce à des matériaux comme le silicone, le carton mais aussi la limaille de fer rappelant les barreaux des prisons ainsi que les limes utilisées pour s’en échapper.

Katianne Oustric

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