L’intitulé de l’exposition, L’Arpenteur, illustre le principal lien entre ses différents artistes. En effet, Darren Almond, Pierre Gonnord et Georges Rousse ont bâti leurs œuvres en arpentant le monde afin de prendre la mesure de son humanité et de son histoire. Chacun d’entre eux l’aborde par un biais différent : le paysage pour Almond, le portrait pour Gonnord et la transformation de la perception des lieux par l’anamorphose pour Rousse. Les photographies d’Almond ne montrent qu’une seule facette de sites ayant autrefois accueilli les fameux goulags, à la fois interdits aux regards et témoins silencieux de l’histoire (les témoignages sont tus, les installations ont disparues). La démarche de Gonnord elle aussi adopte une vision partielle : les visages marqués par l’histoire sont seuls appréhendables, tandis que les paroles des personnes qu’il a rencontré dans son périple restent inaudibles. Rousse arpente également les lieux à partir desquels il conçoit son œuvre, pour impliquer l’observateur car il appartient à ce dernier de saisir la part cachée de celle-ci.

Jean-Félix Filippi

Site de l'exposition