Vincent Bizien. Animal populaire
L'exposition
Si « le médium est le message », alors de quoi les planches « entachées » de Vincent Bizien sont-elles le signe ? En quelques traits, plus lâchés que réglés, poussant jusqu’au frénétique la saturation ou tout juste pointés, il s’y dessine une suite de figures imbriquées dans des scènes ébauchées, suspendues, voire biffées par quelques denses recouvrements noirs. Le tremblement du crayon, la fluidité épaisse de l’encre de Chine, les teintes délavées de l’aquarelle ou encore l’usage de photographies comme support et comme fragment : c’est, chez Vincent Bizien, une logique combinatoire qui « sabote » le bel édifice d’un langage univoque. L’expression de l’artiste, portée au sombre « fin de siècle » dont on peut noter les réminiscences munchiennes, livre des transcriptions, et ne fixe jamais des faits. Cela explique sans doute pourquoi le regard y erre plus qu’il ne peut y trouver un appui sûr. Ainsi, « La Maison du sourd », grand format de 2015 dont le titre manifeste la communauté d’esprit qui lie Vincent Bizien avec le dernier Goya, joint le festif et le monstrueux dans une parade ambivalente où des motifs ornementaux répétées restent « flottants » et déliées, quand le semblant d’humanité qui s’y mêle reste en arrière-plan s’avère en voie de disparition colorée. Inversion et diversion du sens, figures ensauvagées, hybridant l’enfance et l’âge adulte, parasitages où la représentation « rebondit » vers une image multiple : cet équivoque dont la spontanéité semble cultivée, comme un appel aux marges à travers le dessin, parcourt le vaste ensemble réuni à la galerie Maïa Muller.
Tom Laurent
NB : La galerie est fermée du 30 septembre au 8 octobre 2015
Tom Laurent
NB : La galerie est fermée du 30 septembre au 8 octobre 2015
Quand
05/09/2015 - 15/10/2015