Pierre Tal Coat: l’émerveillement abrupt
L'exposition
Une exposition de Pierre Tal Coat est toujours une bonne nouvelle, et celle qui se tient à la galerie Christophe Gaillard ancre encore un peu plus cette certitude. Si ces dernières années ont laissé la peinture de ce Breton de naissance (en 1903) sortir pas à pas d’un regrettable oubli – avec notamment une rétrospective au musée Granet en 2017, un large parcours au musée de Pont-Aven ce début d’année et l’ouverture cet été du Fonds Tal Coat au Domaine de Kerguéhennec –, un autre pas est franchi avec cette réunion en galerie d’œuvres de son ultime période de création, des années 60 à la disparition de Tal Coat en 1985.
Dans de très petites peintures confinant à l'objet comme dans des formats moyens, la couleur donnant le la de chacune d'entre elles laisse toujours exister en elle le ton des couches antérieures. Effet de léger voilage (comme dans les verts d'une toile de 1981-82) ou cristallisation des épaisseurs, allant jusqu'à la protubérance dans Déchiré profond (1972) : une vie s'anime dans la matière picturale, en définitive. André Masson, voisin et ami de Tal Coat au Château-Noir – où le peintre s'était installé en 1940 dans les pas du Cézanne de la Montagne sainte Victoire –, en avait éclairé le dessein, celui d'une « peinture-milieu » se substituant à toute représentation. À la galerie Christophe Gaillard, la présence de Bleu Surgi (1974), l'une des deux toiles de grand format de cette période encore existantes, mérite d'être aussi signalée.
Associé à cet accrochage vivifiant, Jean-Pascal Léger, soutien actif du peintre depuis les années 1980, a raison de s’étonner avec un collectionneur américain de sa connaissance : « Je possède des dessins de Matisse, Picasso, Giacometti et Tal Coat, et je ne me lasse pas de m'interroger sur la relative infortune de la reconnaissance de celui-ci, qui a tous les mérites des autres. »
Tom Laurent
Dans de très petites peintures confinant à l'objet comme dans des formats moyens, la couleur donnant le la de chacune d'entre elles laisse toujours exister en elle le ton des couches antérieures. Effet de léger voilage (comme dans les verts d'une toile de 1981-82) ou cristallisation des épaisseurs, allant jusqu'à la protubérance dans Déchiré profond (1972) : une vie s'anime dans la matière picturale, en définitive. André Masson, voisin et ami de Tal Coat au Château-Noir – où le peintre s'était installé en 1940 dans les pas du Cézanne de la Montagne sainte Victoire –, en avait éclairé le dessein, celui d'une « peinture-milieu » se substituant à toute représentation. À la galerie Christophe Gaillard, la présence de Bleu Surgi (1974), l'une des deux toiles de grand format de cette période encore existantes, mérite d'être aussi signalée.
Associé à cet accrochage vivifiant, Jean-Pascal Léger, soutien actif du peintre depuis les années 1980, a raison de s’étonner avec un collectionneur américain de sa connaissance : « Je possède des dessins de Matisse, Picasso, Giacometti et Tal Coat, et je ne me lasse pas de m'interroger sur la relative infortune de la reconnaissance de celui-ci, qui a tous les mérites des autres. »
Tom Laurent
Quand
18/05/2019 - 15/06/2019